La mise en place d’un système alimentaire local : Facteurs clés de succès, freins et évaluation des bénéfices sociétaux
De nombreuses recherches portant sur l’agriculture urbaine et les systèmes alimentaires locaux mettent en lumière l’aspect multifonctionnel que ces activités génèrent pour une ville tant au niveau de l’insertion sociale, de l’environnement, des loisirs, de l’éducation, de l’aménagement urbain … (Perrin et al, 2017). L’analyse de 17 entretiens menés auprès des parties prenantes de la future ferme urbaine de Grande Synthe font ressortir pleinement cette caractéristique multifonctionnelle déclinée autour de six grandes catégories : lieu d’approvisionnement alimentaire pour le territoire, d’expérimentation de nouvelles techniques agricoles, lieu de divertissement, centre de formation, de ressources et d’aide aux maraichers, lieu d’insertion sociale et centre pédagogique et de sensibilisation destiné aux habitants. Cependant cet aspect multifonctionnel soulève des questions qui méritent d’être approfondies afin d’éviter de transformer cet atout en frein ou limite à son déploiement.
Premièrement, il s’avère nécessaire de s’interroger sur la compatibilité entre la durabilité territoriale produite par les externalités positives issues de l’activité agricole (durabilité externe) et la durabilité interne de l’exploitation (Ba et Aubry, 2011). Pour y parvenir, il convient de choisir la ou les principales clés d’entrée du système alimentaire permettant d’assurer une viabilité économique et de construire pas à pas l’écosystème permettant à terme d’embrasser les différentes fonctions.
Deuxièmement, la construction de l’écosystème et plus précisément du réseau de parties prenantes du système alimentaire local nécessite également de s’interroger à la fois sur le choix des acteurs et plus particulièrement des acteurs ressources, des acteurs relais mais également sur la nature des coopérations entre acteurs. Dans cette même logique, la cible prioritaire visée par le système alimentaire local doit être clairement explicitée. Les récentes recherches sur les circuits courts menées par Chiffoleau et Paturel en 2016 démontrent que ces derniers sont une nouvelle source d’exclusion sociale. Ces conclusions nous amènent à nous interroger sur la conciliation entre système alimentaire local et innovation sociale.
Troisièmement, la multifonctionnalité soulève également la question de l’évaluation des bénéfices sociétaux et territoriaux issus du système alimentaire local et de leur priorisation. La co-construction d’indicateurs clés avec les parties prenantes pourrait s’inspirer des méthodes d’évaluation basées sur l’analyse du cycle de vie environnemental, social ou territorial.
Pour contacter Isabelle Robert, vous pouvez lui envoyer un mail à l’adresse isabelle.robert-2@université-lille2.fr
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